Pas de pénal pour P&O Ferries

En mars dernier, considérablement affaiblie par les effets désastreux du Covid sur le tourisme et le transport à l’international, la compagnie P&O ferries, qui assure des […]

(FILES) In this file photo taken on December 18, 2020 Freight lorries are seen aboard a docking DFDS ferry as a P&O ferry arrives at the port of Dover on the south coast of England. - P&O Ferries, which provides links between France and the United Kingdom, announced Thursday the suspension of its traffic pending "an announcement from the company" while ensuring that it will not was acting "not a liquidation". We have asked all ships to return to dock, in preparation for an announcement from the company. Until then, P&O services will not operate,” the company said in a statement sent to AFP. (Photo by Ben STANSALL / AFP)

En mars dernier, considérablement affaiblie par les effets désastreux du Covid sur le tourisme et le transport à l’international, la compagnie P&O ferries, qui assure des liaisons entre la France, la Grande-Bretagne, l’Irlande et les Pays-Bas, supprimait 800 emplois de marins et les remplaçait par des travailleurs externalisés corvéables à merci, rémunérés largement au-dessous du salaire minimum britannique (5,50 livres soit 6,60 euros de l’heure), créant autant la consternation à Douvres qu’un vent de panique à Calais. « Un dumping social outrancier », dénonçaient ainsi les syndicats CFDT et CGT de la bretonne Brittany Ferries qui affirmaient préparer des actions pour empêcher les navires d’accoster sur des quais français « s’ils traitent leurs marins comme des esclaves ».

À l’époque, la réaction du gouvernement britannique ne s’était pas fait attendre. Par la voix du premier ministre d’alors Boris Johnson, il annonçait qu’il allait engager des poursuites judiciaires face à ce licenciement sec et sans consultation préalable – certains employés l’avaient appris par visioconférence : « Votre dernier jour de travail est aujourd’hui » ! Cette affaire choquante qui pénalisait surtout les travailleurs britanniques avait fait scandale et l’on supposait que l’entreprise transmanche, filiale de DP World, opérateur portuaire basé à Dubaï, allait devoir verser des amendes de millions de livres. À l’époque, la compagnie, qui accusait une perte sèche de 100 millions de livres par an, avait laconiquement répondu que les consultations demandées étaient synonymes de faillite et n’auraient pas empêché ces licenciements.

Une nouvelle décision vient de tomber ce 19 août d’un porte-parole du Service de l’insolvabilité. Cette agence gouvernementale qui travaille au nom du ministère des Entreprises avait elle-même ouvert des enquêtes pénales et civiles suite à ce procédé qualifié d’épouvantable à l’époque. « Après une enquête pénale complète et solide », précise l’Agence dans un communiqué, P&O ne fera pas l’objet de poursuites pénales pour le licenciement de ses 800 salariés. Si rien n’a été encore clairement dit sur l’aspect civil de l’affaire, cette décision reste « profondément décevante » selon le syndicat Nautilus International, alors que « la société mère de P&O Ferries a annoncé [il y a quelques jours] des bénéfices records », un chiffre d’affaires en hausse de 60,4 % par rapport à l’année dernière.