Institut polytechnique de Paris : nouvelle gouvernance

Plus de quatre ans après sa création, l’Institut Polytechnique de Paris, qui a parcouru un chemin remarquable selon le gouvernement (il exprime à ce titre sa […]

Plus de quatre ans après sa création, l’Institut Polytechnique de Paris, qui a parcouru un chemin remarquable selon le gouvernement (il exprime à ce titre sa gratitude au président Éric Labaye pour la qualité de son engagement), voit sa gouvernance modifiée.
Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances, et de la Souveraineté industrielle et numérique, ainsi que Sébastien Lecornu, ministre des Armées aspirent en effet, avec le soutien des autres ministres concernés, à renforcer la performance et la visibilité internationale de l’Institut Polytechnique de Paris, de l’École polytechnique, et des autres écoles qui composent cet ensemble. Dans un contexte de compétition internationale croissante et dans le but de donner un nouvel élan au développement de cet Institut, ils veulent également améliorer la coordination des projets communs entre ces établissements, notamment dans les domaines de la recherche d’excellence et de l’innovation.

Pour répondre à toutes ces ambitions, les ministres envisagent donc de réformer la gouvernance de l’Institut Polytechnique de Paris et de l’École polytechnique. Après une période transitoire permettant la consultation de l’ensemble des parties prenantes, la nouvelle organisation de gouvernance des établissements serait la suivante :
• le président du comité exécutif de l’Institut Polytechnique de Paris sera responsable de la conduite du projet global de l’Institut. Cette responsabilité sera confiée au professeur Thierry Coulhon. Le comité exécutif, réunissant notamment les directeurs généraux des cinq écoles membres (École polytechnique, ENSTA, ENSAE Paris, Télécom Paris, et Télécom SudParis), supervisera, sous son autorité, la gestion de l’Institut Polytechnique de Paris pour toutes les décisions ne relevant pas du conseil d’administration. Pendant la période transitoire, le professeur assurera la présidence intérimaire du conseil d’administration ;
• le directeur général de l’École polytechnique sera chargé de la direction opérationnelle de l’École. Cette fonction sera confiée à Laura Chaubard, ingénieure générale de l’armement et actuelle directrice générale de l’École polytechnique. Elle assumera également la présidence intérimaire de l’École polytechnique, en plus de ses responsabilités actuelles en tant que directrice générale. Un poste de directeur général adjoint, en charge de l’enseignement, sera créé pour la soutenir dans ses missions ;
• les conseils d’administration de l’Institut Polytechnique de Paris et de l’École polytechnique partageront une présidence non exécutive commune. Cette présidence veillera à garantir la cohérence de la stratégie des deux établissements, en étroite coordination avec les autres écoles.

L’objectif de cette réforme est de renforcer considérablement la direction exécutive de l’Institut Polytechnique de Paris, afin d’accélérer son développement et d’accroître sa visibilité. Parallèlement, la nouvelle structure de gouvernance de l’École polytechnique sera alignée sur la nouvelle phase de développement de l’Institut Polytechnique de Paris. Au-delà de ces ajustements dans la gouvernance, le gouvernement aspire à ce que l’Institut Polytechnique de Paris assume pleinement la fonction Recherche, actuellement répartie entre les établissements qui le composent. Cette démarche vise à simplifier l’administration et l’organisation de la recherche et de l’innovation au sein de l’Institut, afin de contribuer au rayonnement international de l’Institut et de soutenir l’économie nationale. Cela inclut une forte implication dans des projets de réindustrialisation verte et le renforcement de la souveraineté industrielle et numérique.
La mise en œuvre de cette réforme est prévue pour le début de l’année 2024. Une consultation approfondie sera menée en collaboration avec toutes les parties prenantes, notamment les membres du personnel, afin de définir les meilleures modalités pour mettre en œuvre ces changements.

Le contexte de compétition internationale accrue et le besoin de dynamiser le développement de l’Institut soulèvent des questions sur les décisions précédentes et la planification initiale. L’Institut Polytechnique de Paris a-t-il été correctement positionné dès le départ pour faire face à ces défis ? La réforme de la gouvernance proposée, bien qu’elle puisse sembler nécessaire pour renforcer la performance et la visibilité internationale de l’institut, soulève également des interrogations. Les ministres mettent l’accent sur le renforcement de la direction exécutive de l’institut, mais cela soulève des préoccupations quant à l’efficacité des structures existantes. De plus, la centralisation de la recherche au sein de l’Institut Polytechnique de Paris, bien que visant à simplifier l’administration, peut également susciter des inquiétudes. La recherche n’est-elle pas mieux servie par la diversité des établissements existants, chacun ayant ses propres domaines d’expertise et sa propre approche ? Enfin, la mise en œuvre de cette réforme en début d’année 2024, après une période de consultation, semble hâtive. Il est essentiel de s’assurer que toutes les parties prenantes aient suffisamment de temps pour contribuer aux décisions importantes qui façonneront l’avenir des étudiants.

Éric Labaye a quitté ses fonctions de président de l’École polytechnique et de l’Institut polytechnique de Paris le 16 septembre dernier, pour, selon ses propres termes, « contribuer à France 2030, en aidant les entreprises à devenir des leaders internationaux ». Il laisse l’École polytechnique et l’Institut polytechnique de Paris dans une situation solide, contribuant à faire de ces institutions des références mondiales dans la formation des ingénieurs et des scientifiques. Ardent défenseur de l’éducation et de la recherche, il a notamment plaidé pour une meilleure coordination entre les différents acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche en France. Au cours de son mandat, il a notamment contribué à la mise en place de l’Institut polytechnique de Paris, qui regroupe cinq grandes écoles françaises de l’ingénieur. Il a également renforcé l’attractivité de l’École polytechnique, notamment en augmentant le nombre d’élèves étrangers (+ 50 %). L’école a également renforcé son réseau d’alumni, qui compte désormais quelque 100 000 membres.