Corbeil-Essonnes : rétrospective Pierre Scholla

Du 1er février au 16 mars 2024, la ville de Corbeil-Essonnes présente une vaste rétrospective dédiée à l’œuvre de Pierre Scholla, répartie entre trois sites : les Paysages […]

Du 1er février au 16 mars 2024, la ville de Corbeil-Essonnes présente une vaste rétrospective dédiée à l’œuvre de Pierre Scholla, répartie entre trois sites : les Paysages à la Galerie d’Art, les Cosmos au Théâtre, et les Figures humaines au Centre Municipal de Santé.
Pierre Scholla a consacré sa vie à la peinture et à la promotion de l’art dans la commune. En 1972, il a été président de la Société d’Art, invitant des peintres renommés tels que Brayer, César, Carzou, Folon, Lorjou, et Mathieu à exposer dans l’ancien Centre d’Art contemporain. Son parcours exceptionnel a été marqué par des actes héroïques pendant la Seconde Guerre mondiale, lui valant la Légion d’honneur en 2017 pour son engagement dans la résistance.
Dès l’âge de 15 ans, ses talents de faussaire lui ont permis de sauver des vies en fabriquant de faux papiers pendant l’occupation. Mais c’est surtout son univers pictural remarquable qui a fait sa renommée. Inspiré par la méditerranée à la manière de Matisse, il est
reconnu comme le peintre de la couleur, avec des œuvres lumineuses et joyeuses.
Scholla est également salué pour sa capacité à représenter l’infiniment petit et l’infiniment grand, comme en témoignent ses séries sur les galaxies et les nébuleuses. Il a été honoré par des artistes tels que Maurice Utrillo, Giaccometti, César, et Botero, recevant notamment un Award d’or en 1997 et devenant Chevalier des Arts et Lettres en 2004.
Son œuvre est désormais exposée dans les plus grandes galeries aux côtés d’artistes de renom comme Arman, Niki de Saint-Phalle, Soulages, Jeff Koons, Andy Warhol, Dali et Picasso. Cette rétrospective est organisée suite à un appel au mécénat lancé par la commune en été 2023 pour restaurer sa fresque monumentale « Le Village », symbolisant un hommage à cet artiste populaire dont la renommée a dépassé les frontières nationales.
Contempler l’œuvre de Pierre Scholla, c’est s’ouvrir à une fenêtre sur l’infini, où la couleur et la grandeur se rencontrent pour offrir une vision unique de l’art.

Les portraits (1950-1998)
Les portraits présentés au Centre municipal de santé ont été peints par Pierre Scholla au début de sa carrière. Réalisés dans le style expressionniste, ils incarnent une foisonnante galerie de personnages qui, comme le déclare Georges Mercier, critique et auteur d’ouvrages sur l’art contemporain, semblent emprunter à Munch leurs regards étranges, à Rouault leurs contours affirmés, à Modigliani leurs visages allongés et à Soutine leurs chairs ivres. Ils ont en commun d’être profondément « habités » et dotés d’une âme reflétant la sensibilité de l’artiste.

Les paysages de l’Île-de-France et ses environs
Puisés pour certains au cœur de la Brie et dans l’Essonne qu’il a longuement parcourue, les paysages de l’artiste pourraient être considérés comme naïfs. Ils sont en quelque sorte la quintessence du sujet observé : « En simplifiant le dessin, j’obtiens une plus parfaite ressemblance à la fois littérale et psychologique », déclare l’artiste.
Pierre Scholla épure son art au point qu’il n’est désormais plus possible d’identifier le paysage, composé d’une ligne d’horizon énigmatique délimitant deux infinis ; et posée sur la ligne d’horizon l’esquisse minimaliste d’un village, des arbres stylisés, et quelquefois une cathédrale… Des éléments qui illuminent la composition comme le ferait une ombre chinoise en négatif. L’artiste fait preuve d’une grande économie de moyen pour produire un maximum d’effet…

Les paysages méditerranéens
Scholla est ému devant la beauté toute sensuelle des villages méditerranéens, de leur architecture, de la violence de la lumière, du bleu du ciel et de la mer. « Les bleus profonds où se noient l’immensité du ciel et de la mer, les maisons aux couleurs chaudes et chatoyantes, la simplicité des décors, la complexité des nuances, tout ici reflète la sensibilité du peintre et sa grande maîtrise de la technique. » Beaux-Arts magazine, 1996.

Les partitions et les bouteilles
« Cher Pierre Scholla, Sylvie et moi avons été très touchés de votre gentillesse et si grande générosité en vous séparant de cette magnifique peinture. Elle semble être le travail frais d’un jeune homme plein d’entrain. C’est si typique des vrais artistes. Je vous félicite et vous embrasse fort comme membre de la grande famille de l’Art et de la joie. Bien amicalement, Claude Picasso. »

Les drippings
En 1980, dans le sillage des monochromes d’Yves Klein et des drippings de Jackson Pollock, Scholla utilise ce procédé qui engage fortement la tension psychologique de l’artiste et convient à l’emploi de la peinture acrylique. Celle-ci, vite sèche, supporte le ruissellement d’une couche sur l’autre, se prête soit à des empâtements soit à de fines giclures aussi spontanées que la lave d’un volcan en éruption. Les traces du dripping subsistent dans sa série « cosmos », parfaitement adéquates pour suggérer l’émergence d’une fusion nucléaire.

Les Cosmos
La série Cosmos est la partie la plus récente du travail de Pierre Scholla, entièrement tournée vers l’abstraction. En peintre-astronome, l’artiste raconte la petitesse de l’homme face à l’immensité de l’univers. Ses créations picturales, sous la forme d’une explosion de couleurs dans les noirs intersidéraux d’un univers en expansion, nous parlent de fusion, de supers-novas. Du chaos primordial naît « le chant des sphères » ; on pense évidemment au big-bang. Pierre Scholla, dans sa quête d’absolu, nous parle de la place de l’homme dans l’univers ; de sa finitude aussi, à l’image de ces géantes rouges qui, avant de mourir, jettent leur dernier feu dans les amas stellaires ; quête frénétique devant la fuite du temps, telle est l’œuvre de Scholla.