Baguette : le prix gonfle, pas la pâte…

Une hausse prochaine du prix de la baguette ? Probable, disent les boulangers qui alertent déjà depuis un an sur leurs conditions de travail complexifiées par la […]

Une hausse prochaine du prix de la baguette ? Probable, disent les boulangers qui alertent déjà depuis un an sur leurs conditions de travail complexifiées par la guerre en Ukraine et l’inflation record. Après le gaz, l’électricité et l’essence (bien que tassée depuis un mois), mais aussi une foule de produits alimentaires, le pain risque bien de suivre le rythme des hausses, spéculation en sus ou pas. Hausse des tarifs du blé, de la farine (+20 % depuis le début de l’année) ou même des emballages, tout y passe. Il y a un an, la hausse du prix de la baguette était évaluée entre cinq et dix centimes par la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française. Ce 19 septembre, Eurostat, chargée de publier des statistiques de l’UE, a annoncé que le prix du pain a grimpé de 18 % en un an dans l’ensemble de l’Union. La faute à la guerre en Ukraine qui « a considérablement perturbé les marchés mondiaux ». La Hongrie est en tête du peloton avec 65 % de hausse, la France n’accusant qu’un petit +8 %. Pour l’instant.

Dans sa lettre d’information de septembre, l’Association nationale de la meunerie française (ANMF) a lancé un signal s’alarme. Tout flambe : le gasoil utilisé pour livrer le blé au moulin et la farine aux boulangers et l’électricité qui fait fonctionner les moulins. Point important souligné par l’ANMF, cette flambée des prix de l’électricité, antérieure à l’invasion russe de l’Ukraine, n’est pas seulement causée par la guerre, mais bien par la baisse de la production nucléaire française. Autre augmentation, celle du prix du papier et du carton (27 % entre juin 2021 et juin 2022) conséquemment à celle du bois ou encore celle des pièces détachées à cause de la flambée du minerai de fer (+45 %). Et puis le blé surtout : des niveaux « historiquement élevés » (+ 60 % sur le premier semestre 2022) et des prix très volatils. Il y a un an, lorsque le prix de la tonne de blé avait bondi à 280 euros, prix le plus haut depuis 2012, on affichait sa surprise. Aujourd’hui, il est « stabilisé » entre 330 et 350 euros la tonne et on semble presque s’en satisfaire tant la situation pourrait être bien pire. La Russie et l’Ukraine étaient de grands exportateurs de céréales, de blé, de maïs, de tournesol et d’engrais, veut rappeler Eurostat.

Pour les meuniers français tout comme leurs clients boulangers, si le prix du pain ne bouge pas, c’est parce que ces derniers rognent sur leur marge. Des boulangers qui disent être en manque de main-d’œuvre, tout en devant assumer l’augmentation du Smic et leurs 45 % de charges sociales. L’Insee rappelle qu’entre 1991 et 2021, le prix moyen de la baguette a augmenté de 23 centimes (de 0,66 centime à 0,89 centime, et 0,93 centime en juin 2022). Alors qu’on prépare la prochaine rentrée vaccinale, que le moral des Français est loin d’être au beau fixe, que la guerre se poursuit de plus belle en Ukraine, on risque bien de connaître une telle augmentation, non pas en trois décennies mais en une seule année… Une baguette à plus d’un euro ? À moins de manger de l’industriel (certains professionnels se plaignent à ce titre de concurrence déloyale), ce sera certainement le cas, car il faut payer les employés (plus de 50 % du prix du pain), les matières premières (près de 20 %), l’énergie (plus de 10 %), le loyer et les charges ! Dans la capitale, de nombreux boulangers ont déjà choisi d’atteindre l’euro. Au nom de l’emblématique Parisienne… et parce qu’au vu des augmentations auxquelles ils sont confrontés, ils devraient déjà afficher leur miche à 20 centimes ou même 30 centimes plus chère !