L’assurance, talon d’Achille de l’industrie des combustibles fossiles

Selon une étude de Insure Our Future relayée par Greenpeace, 62 % des réassureurs ont des politiques de sortie du charbon et 38 % ont des exclusions pour le […]

Selon une étude de Insure Our Future relayée par Greenpeace, 62 % des réassureurs ont des politiques de sortie du charbon et 38 % ont des exclusions pour le pétrole et le gaz, alors que l’abandon des combustibles fossiles s’accélère. Les 30 premiers assureurs mondiaux de combustibles fossiles sont classés en fonction de la qualité de leurs politiques d’exclusion. Allianz, Axa et Axis Capital décrochent la palme pour leurs politiques de sortie du charbon, tandis qu’Aviva, Hannover Re et Munich Re sont en tête pour leurs exclusions du pétrole et du gaz. En bas du classement des combustibles fossiles, des assureurs qui n’ont pas encore adopté de restrictions concernant la couverture des projets de charbon, de pétrole ou de gaz, notamment les américains Berkshire Hathaway et Starr et le bermudien Everest Re. Le Lloyd’s of London britannique obtient lui aussi un très mauvais score – il a annoncé une sortie du charbon en 2020, puis a fait marche arrière en le déclarant facultatif. Liberty Mutual, Chubb et Tokio Marine ont adopté certaines restrictions sur le charbon, mais assurent activement l’expansion de l’industrie pétrolière et gazière. Les chinois PICC et Sinosure n’ont pas adopté de restrictions sur les combustibles fossiles, mais, suivant la politique du pays, ne couvriront plus les nouvelles centrales électriques au charbon à l’étranger.

Le charbon est devenu de moins en moins assurable en dehors de la Chine, ajoute l’étude : « le nombre de polices de sortie du charbon est passé de 35 à 41 l’année dernière, les grands assureurs américains AIG et Travelers ayant finalement rejoint la mêlée. La part de marché des assureurs qui excluent le charbon a atteint 62 % sur le marché de la réassurance et 39 % sur le marché de l’assurance primaire. » Le rapport met enfin en lumière certains des projets les plus dangereux en développement aujourd’hui : les appels d’offres, en juillet 2022, des droits d’exploration de 30 blocs pétroliers et gaziers en République démocratique du Congo (RDC). Certains de ces blocs chevauchent des zones protégées, notamment le parc national des Virunga, un site du patrimoine mondial (photo), et les tourbières de la Cuvette centrale, un hotspot de biodiversité contenant environ 30 gigatonnes de carbone, soit l’équivalent de trois années d’émissions mondiales de combustibles fossiles.

« Rejeter la nouvelle ruée vers l’Afrique des entreprises de combustibles fossiles et refuser leur demande de réassurance dans les appels d’offres de pétrole et de gaz au Congo est un test minimum pour les engagements climatiques du secteur de l’assurance », a souligné à juste titre Irène Wabiwa, responsable internationale de la campagne de Greenpeace pour la forêt du bassin du Congo. « Toutes les compagnies d’assurance doivent immédiatement aligner leurs activités sur l’objectif de 1,5C de l’Accord de Paris et cesser d’assurer les nouveaux projets de charbon, de pétrole et de gaz », ajoute pour sa part Peter Bosshard, coordinateur mondial de la campagne « Assurer notre avenir » et principal auteur du rapport. Entendu que l’assurance, talon d’Achille de l’industrie des combustibles fossiles, a bel et bien le pouvoir d’accélérer la transition vers les énergies propres.